Obama et nous chez Plumes Soleil
Pour
Nelson Mandela
Avant-propos
Exorciser
les dirigeants
africains et les peuples qui
les élisent
L'après-midi
du 7 novembre 2012, accidentellement Journée Internationale de
l'Écrivain Africain — accidentellement
parce que ni madame Fatimata Emmanuel1
ni moi n'y avions pensé lorsque s'établissait le rendez-vous
littéraire devant permettre aux apprenants de Porto-Novo et environs
d'accueillir ce jour Florent Couao-Zotti et Jérôme Nouhouaï -, un
débat sur Obama — ce fut aussi le jour de la réélection du
Président américain Barack Obama — qui a commencé chez
Couao-Zotti avait été si animé et si passionnant qu'il nous avait
permis de tuer le temps, pendant tout le temps qu'avait duré le
retard légendaire dont les Béninois sont désormais indissociables.
Le
soir de ladite journée, Florent Eustache Hessou, à Cotonou, avait
invité les écrivains à communier tout en déclamant quelques
parcelles de leur texte. Durant cette nuit où les hommes de lettres
et de culture s'étaient réunis, je fis partager aux amis présents
la conclusion de notre discussion à la Bibliothèque Nationale. Leur
enthousiasme et leur accord ont été immédiats. Je dus illico
rappeler Florent Couao-Zotti et Jérôme Nouhouaï pour les tenir
informés que la publication d'un ouvrage ouvert à qui exprimerait,
par le truchement d'une fiction prosaïque ou poétique ou d'un
commentaire journalistique, son opinion et/ou ses sentiments sur les
relations bilatérales afro-américaines et saxo-africaines devait
devenir une réalité béninoise et universelle.
Dès
lors, « Obama et nous » est né comme un thème autour duquel
doivent naviguer toutes les plumes qui entreraient dans ce collectif,
puis comme son titre. Les textes, deux semaines après cette nuit,
tombaient comme des fruits mûrs et prêts à être dégustés.
J'avais voulu un classement en respectant l'ordre de leur arrivée,
mais je me ravisai : bien souvent - et même en Amérique, le cas des
Amérindiens — les premiers occupants ne sont pas toujours les plus
plaintifs. J'ai aussi avorté un arrangement générique. Et me vient
l'idée classique de suivre simplement Tordre alphabétique des
vingt-cinq auteurs ; ainsi l'œuvre donne l'allure d'un mélange de
textes en prose et en poésie, de textes fictionnels et factuels, de
nouvelles, de mythe ou légende, de théâtre, de poèmes, miroir
d'une Afrique ou d'une Amérique où il est difficile de dénombrer
sur un millier de kilomètres la même couleur de peau - j'évite
volontiers de parler de race ; c'est un lexique que j'abandonne aux
généticiens.
Les
auteurs de ce collectif sont d'ailleurs unanimes que la question
d'appartenance raciale doit intéresser beaucoup plus ceux qui ne
peuvent voir au-delà de la surface. Apollinaire Agbazahou, en
présentant un récit énigmatique à cheval entre le mythe, la
légende et le conte et, en procédant par une allégorie de la
dialectique des deux couleurs fondamentales, ne cherche nullement
dans l'excipit à introniser l'homme noir. Certes, l'espace de
modernité de son texte rend libre le lecteur de lire au premier
degré :
«
L'orage s'apaisa doucement et lentement, laissant place à une Toile
de l'Univers à nouveau de noir vêtue dans la liesse générale,
confirmant définitivement la Suprématie du Géant noir, symbole de
l'harmonie universelle ».
Toutefois,
il serait souhaitable d'aller en profondeur et de faire observer que
l'anatomie humaine est essentiellement universelle quoique contre des
pacotilles ou par pure exécration gratuite, des Africains aient
vendu les bras de leurs frères dits bois d'ébène ou les fesses
envoûtantes de leurs sœurs prises pour Venus Hottentot, ou que des
Européens esclavagistes les aient utilisés en Amérique comme des
outils animés qu'on peut jeter aux poubelles, aux chiens ou à la
mer sans autre forme de procès. Armand K. Adjagbo, le premier auteur
qui ouvre l'œuvre, dans son poème « Assîah » — entendez
drapeau en fongbé, symbole de victoire - avertit d'ailleurs qu'il
reste bien des victoires à gagner. Le drapeau entre ainsi dans la
connotation de l'élévation. Et c'est celle-ci qui confère à Obama
la potence d'être américain et non africain, bien qu'il ne soit pas
à exclure un projet post-présidentiel qui prendrait en
considération les problèmes africains. Dino Renaud Adohouéto et
Houénou Kowanou semblent s'entendre sur ce point. Si le premier
conclut son article par ce rêve, le deuxième en fait carrément la
substance de sa nouvelle. On y découvre un ex-président qui
ressemble bien à l'actuel Obama regrettant sa gestion des affaires
étrangères et africaines et décidé à œuvrer pour le
développement du Kenya.
D'où
vient ce souci des auteurs à souhaiter que le président américain
fasse siens les problèmes africains ? N'est-ce pas la transmission
des chuchotements du bas-peuple habitué aux forces mystiques d'un
éventuel messie ? Quand le peuple saura-t-il que le messie dont il a
besoin se trouve être lui-même ? Amour Gbovi et Florent Eustahe
Hessou tentent des réponses qui vont, à coup sûr, choquer le
peuple, le bas-peuple, si leur texte était dépourvu de ce matériau
du comique. Prétextant d'une carence en inspiration, Hessou noue une
connivence avec un investigateur passant la parole à un ivrogne,
ancien combattant, qui fait, dans une autodérision, le tour des
atrocités et des incapacités sociopolitiques dont l'Afrique et son
pays le Bénin sont le théâtre. Hessou en profite, en soulignant
une distanciation vis-à-vis des genres littéraires, de la
narratologie et toujours par le piège
satirique qu'il a tendu à son locuteur éthylique, pour oser une
conscientisation individuelle et collective car, constate-t-il, les
Africains, paresseux dans leur majorité, détectent paradoxalement
des parentés chez qui réussit : «
Le mec s'est échiné pour se mettre en état d'élection et nous, en
état d'érection ! Wè ! La chaleur. La chaleur africaine. Qui ne
travaille jamais pour réussir, mais qui célèbre la victoire des
autres. Le sourire banania des conasses d'Africains transforme tout
le monde en Africain. Le nouveau président français élu, a été
taxé d'Africain parce qu'étant socialiste. Pouah ! J'aurais compris
si on l'avait traité de Hollandais de la Haye ou de là-haut. »
Ou
parfois, ils prient afin que leurs conditions de vie soient
semblables au reste du monde. Par un transfert psychologique poussé,
Amour Gbovi prénomme Gbodja un personnage surnommé Denzel qui, à
défaut d'unir Vossah, un quartier insalubre et éternellement inondé
de Cotonou, à New-York, opte pour un sondage des élections
présidentielles étatsuniennes à Vossah : «
Gbodja informa les camps républicain et démocrate du principe qui
sous-tend l'opération : si les beignets Obama avaient plus de
succès, la déduction serait que le candidat démocrate aura plus de
chance de remporter, mais si les bocks de sodabi Romney trouvaient
plus d'intérêt, c'est que Barack Obama devra quitter la Maison
blanche ». Cette narration
fortement caricaturale des contradictions politiques est conduite de
manière à plonger le lecteur dans un monde de violence
gastronomique où le sucre et l'alcool semblent posséder les mêmes
atomes cruels et opérer le même effet sédatif sur leurs
consommateurs : la politique est véritablement le seul
divertissement où le perdant n'a jamais été le candidat malheureux
mais le bas-peuple qui voit rarement son destin s'améliorer.
La
preuve, en jouant avec l'anagramme d'Obama, Anicet Mégnigbéto
réussit à montrer, à travers la fiction biographique de Maboa, un
naïf et brillant agronome africain qui a risqué une immigration
clandestine aux USA et essuyé des insuccès et des exactions, que
malgré l'élection de Barack Obama comme président des États-Unis,
il est difficile de soutenir que le pays de la Démocratie est
synonyme du pays des droits de l'Homme. Et parlant des droits de
l'Homme, Florent Couao-Zotti laisse voir dans l'incipit de son texte
une scène érotique qui cache l'espace clos de torture et de cruauté
dans lequel se débat désespérément; Barnabé, un enseignant
syndicaliste déçu par l'administration de Barack Obama. En fait,
Barnabé incarne bien l'Afrique : une arrestation clandestine pour la
bastonnade au palais présidentiel, les élections présidentielles
truquées, le mutisme des instances internationales de régulation et
de promotion de la paix... Florent Couao-Zotti semble, par la colère
que crache le personnage révolté de sa nouvelle, partager ses
préoccupations. Plus le personnage Barnabé évolue dans
l'énumération des reproches formulés à l'encontre .d'Obama, plus
le narrataire se sent engagé auprès de l'auteur pour scruter
ensemble la liste des déceptions : « Depuis, la liste des
déceptions, sous le menton du syndicaliste, s'était allongée.
De l'assassinat de Kadhafi à la seule visite furtive qu'il effectua
au Ghana. Le héros, pour lui, avait perdu de sa superbe. Les mots
qu'il charriait dans ses discours n 'avaient aucun aimant sur le
réel. Il était devenu ordinaire. Rien qu'un président américain
ordinaire au teint certes basané, mais bien trop éloigné de
l'Afrique dont il revendique pourtant les origines, Président en
carton-plâtre ? Président kpayo ? A chacun son Obama. »
Mais
alors, à quelle promesse le président a-t-il manqué ? Et à quel
moment l'a-t-il formulée ? Pourquoi est-on plus exigeant vis-à-vis
du président des États-Unis que des présidents africains ? Est-ce
parce que le peuple africain se réfugie derrière le syndrome
d'abandonnisme ? Ou serait-ce au nom de la mondialisation que ce
peuple rêve d'un président mondial, donc censé régler les
urgences africaines ? Les États-Unis n'ont-ils pas leurs propres
défis socioéconomiques que doit relever le président Obama ?
Les encodeurs de ce mélange littéraire, chacun, comme il le peut ou
le veut, a soumis le lecteur à toutes les contradictions
existentielles. Et les réponses que le récepteur peut y déceler
réveillent des angoisses plus monstrueuses et semblent condamner
l'humanité à un destin plus pessimiste où le silence des auteurs
et du public risque de se métamorphoser en une tyrannie, en une
incarcération des hommes. Il reste à l'accepter et à œuvrer en
malaxant les divers pôles de l'existence pour obtenir une conversion
tolérable de la vie.
Louis-Mesmin
Glèlè accélère cette métaphore de la transformation, en
convoquant la technique antique de l'art dramatique. Par un mélange
des formes poétiques et oniriques, il plante dans le décor des
actants révélant les secrets des hommes incarnant le combat
inhérent à toute vie remplie : l'audace apparaît comme une arme
redoutable
capable de descendre les ennemis séculaires de la liberté. Le titre
de son texte (« le cran du clan ») fait écho au poème d'Habib
Dapkogan (« Survivre »). Poème panégyrique qui scande l'espoir du
peuple noir en même temps qu'il suggère la souffrance de tout
captif optimiste et affamé de liberté. Or ce texte se rapproche
étonnamment du couvent mythique dans lequel Agbazahou convie le
décodeur. Habib Dakpogan, sans avoir lu Agbazahou, apporte des
clarifications :
«
Le sourire
de la couleur noire le sourire
D'un
visage sans couleur sans race et sans territoire
Le
sourire qui dit que le Noir est Blanc et que le Blanc est Noir
Le
sourire de l'espoir ».
Et si
la (con)fusion est autorisée entre Noir et Blanc, le poète-slameur
Toussaint Djaho entretient-il alors à dessein une distinction
radicale entre les divers Obama de son texte, entre Obama qui
rappelle l'Afrique édénique et Obama dont «
il faut baptiser les marionnettes » parce
qu'il aurait contribué aux «
crépitements des armes armes des rebelles », Il
y a sans doute un Obama noir et un Obama blanc. Et Auguste Guédou en
parle si bien dans son courriel adressé au lecteur que ce dernier
comprend, avec les pédagogues qui «
estiment que l'homme est plus le produit de son environnement que
celui de son hérédité », que le
poste présidentiel peut avoir changé Obama. Abdel Amzat Hakim L.
renforce cette théorie. Pour lui, le président américain, malgré
sa philanthropie, a en charge la gestion des intérêts de la
première puissance mondiale. On ne peut alors lui opposer aucun
argument sérieux, sans tomber dans le népotisme, le clientélisme,
le favoritisme. Hakim L. exprime clairement son opinion, en
rapprochant du sien le comportement de l'ancien président béninois
: « Le Kenya, pays dont son père
est originaire, où vit encore sa grand-mère, n'a pas été
privilégié dans son voyage. Obama est pour le Kenya, ce qu'avait
été Kérékou pour Natitingou. Pour ne pas être taxé de président
d'une communauté ou d'une race, il a marginalisé son continent
d'origine ». Et pourtant, comme
Kowanou ou Adohouéto, Hakim L rêve toujours d'un Obama capable de
propulser le destin de l'Afrique dans de mielleuses entreprises.
Herbert Houngnibo semble ne pas attendre la fin du deuxième mandat
pour exiger du président Obama ce que son prédécesseur immédiat
George Bush Jr a si bien fait. Aux dires de Houngnibo « au
nom de la solidarité internationale, Barack Obama doit influencer la
politique des Etats-Unis en faveur des plus pauvres, dont le
continent noir auquel il est rattaché par un lien de sang ». Il
n'y a donc nulle honte ni complexe à suivre une tradition définie
par des républicains. Dans la défense et l'illustration des droits
de l'homme, le républicain Abraham Lincoln n'a-t-il pas été suivi
par le démocrate John Kennedy, quoique les deux aient été occis en
plein exercice de la magistrature suprême ? Daté Atavito
Barnabé-Akayi semble regretter cette soif du don de soi et du
sacrifice dont sont caractéristiques de rares hommes politiques.
Lesquels hommes ont, au péril de leur vie, combattu le liberticide
et le carnage : « un linge blanc sur
l'immense face de Dieu où la tombe de Lincoln ressuscite Kennedy
beaux noyaux aux sceaux sauvant ma misérable Afrique abandonnés au
sort du Solitaire Obama sur le silence mais tous nos présidents
préfèrent investir aujourd'hui dans l'armement de l'ignorance et
des cimetières ». Tout porte à croire que le monde entier se
désemplit des bonnes gens et que l'Afrique ne trouve à hisser à sa
tête que des hommes que le peuple fait vite de rejeter. Le lecteur
comprend pourquoi Gérard Migan désire une population exigeante qui
ne choisirait point « le premier venu ». Car, à voir à la loupe,
aucun critère sérieux ne détermine l'élection des présidents
africains, II semble que si les urnes ne sont pas bourrées de
bulletins suspects ou que les résultats ne soient pas
miraculeusement tronqués, c'est Je peuple lui-même qui lutte pour
élire un incapable pour le gouverner. Migan fait savoir que
l'exemple actuel des Etats-Unis devait fortifier l'esprit des
Africains et que « Barack Obama II,
ce faisant, aiderait
énormément l'Afrique à se débarrasser de gouvernants cupides,
lesquels, au lieu de construire leurs pays, placent dans des comptes
bancaires en Suisse et ailleurs, d'importantes ressources financières
volées à leurs pays, à leurs peuples. »
Mais
de quels peuples parle-t-on ? Les peuples dont la jeunesse oblitère
la longue et pénible marche d'Obama et auxquels Marcel-Christian
Ogoundélé retrace ici les valeurs qui Font porté à la tête des
Etats-Unis, une deuxième fois ? Parce que pour Ogoundélé, seule «
une Jeunesse trempée de ténacité/ Qui aime les épines des
responsabilités » peut construire
un dessein à l'image d'Obama. Il ne s'agit pas donc d'une jeunesse
africaine passive et désemparée, enfermée dans un univers
suffocant que peint Bruno Ahossi, laquelle cherche avec insuccès à
contracter un mariage avec une Américaine pour jouir des droits de
tout citoyen américain. Il ne s'agit pas non plus d'une jeunesse
africaine qui escroque la confiance des sympathisants d'Obama comme
l'illustre Bertin Bolongo, un personnage fabriqué de toutes pièces
par Basile Dagbéto, dont le parcours d'entrepreneur politique mal
averti rappelle la mode de ces jeunes qui fondent des associations
dîtes apolitiques pour recruter du personnel aux différentes
manifestations pour le soutien d'un dirigeant politique pourtant
décrié. Il s'agit encore moins d'une jeunesse africaine qui depuis
les prouesses d'Obama en 2008 est convaincue que toutes les barrières
géopolitiques sont tombées au point que «
désormais, un Rwandais pourra devenir premier ministre en Chine, un
japonais président du Kenya, un Colombien premier ministre en Inde,
un Papou président de l'Argentine, un Coréen roi d'Angleterre,
et... » Jérôme Nouhouaï, dans
son texte intitulé « Le jour où » joue avec l'ignorance et la
naïveté des Africains. Et Jean-Paul Tooh-Tooh paraît moins naïf,
qui ne s'attend obligatoirement ni à un changement de la part de
l'humanité ni à une amélioration de ses propres sentiments qui
sont restés nuls, dès la réélection d'Obama que le
poète-narrateur de Jasmin Ahossin-Guézo a suivie en pensant à sa
vie quotidienne qu'il mène non loin de l'entrée principale de
l'université publique : « Si le
Kenyan rempile, qu'est-ce qui changera autour de moi ? Absolument
rien ! »
Mais
à côté d'Abomey-Calavi, là où vit Ahossin-Guézo, les avis
varient. Rodrigue Atchaoué, un autre habitant de cette municipalité
croit savoir que le bas-peuple est convaincu du contraire : Obama est
capable depuis l'Amérique de résoudre toutes les difficultés
africaines. Et il présente, dans une courte nouvelle bien poétisée,
Sèhomi, une travailleuse de sexe, pro-Obama qui s'exulte : «Adieu
poules, chèvres et vaches maigres. Un Noir au Bureau ovale, mais
c'est la panacée à tous [m]es problèmes d'Africaine ! »
On
distingue donc deux grandes tendances : le camp de ceux qui attendent
beaucoup d'Obama et le camp qui lui souhaite une bonne réussite dans
sa mission à la Maison Blanche, sans trop lui demander l'impossible
pour l'Afrique, sans trop vouloir son implication dans la démolition
ou la réhabilitation du continent. Car, martèle Thanguy Agoï, le
défi revient aux jeunes africains. Il leur revient de se dépasser,
d'exiger le respect des autres par le travail et l'effort qu'ils
auront accomplis. Ce n'est plus l'instance du sommeil ; «
Les jeunes doivent s'interdire d'espérer dans l'attente ».
Ce
collectif fonctionne alors comme une autodétermination des
pathologies africaines, une automédication des dimensions les plus
obscures de l'Afrique, une intervention chirurgicale et psychiatrique
des maux qui obstruent la voie à une bonne digestion des valeurs
authentiquement humaines qui gouvernent les héros dont l'Afrique est
actuellement et fondamentalement en baisse. Ce n'est pas à tort que
les populations, majoritairement illettrées (donc finalement peu
conscientes des enjeux de la démocratie), cherchent des portes de
secours en jetant leur dévolu sur le président américain Barack
Obama, quand, avec ou sans visa, elles n'arrivent pas à s'émigrer :
elles ont affaire, la plupart du temps, à des dirigeants coincés et
peu ouverts aux nouveautés, aux risques, aux audaces qui fondent
même la philosophie d'Obama.
dès
lors, quel que soit ce qu'on peut lui reprocher, lé président
américain Barack Obama a détruit plusieurs mythes inventés pour
ridiculiser l'Afrique. Et les auteurs de ce mélange l'ont rappelé,
implicitement ou clairement. Il reste, en vue de vivre un rêve
africain autre que la violence béate, l'assassinat des valeurs
mélioratives et la célébration de la médiocrité, à exorciser
les dirigeants africains et les peuples qui les élisent, comme cette
longue procession séculaire — métaphore de la longue misère
africaine — décrite par Jean-Benoît Alopkon, a sanctifié le
destin du « premier président noir
des États-Unis ».
Que
ce recueil rempli de maintes voix de déchirements et de sang, de
joie et de plaisir entretienne une complicité entre le public et les
auteurs que je souhaite plus nombreux et toujours féconds.
Daté
Atavito Barnabé-Akayi, Agla, le 17 janvier 2013
1 Fatimata Emmanuel,
chef service à la Bibliothèque Nationale, chargée actuellement de viabiliser le secteur Animation littéraire et
culturelle, reçoit mensuellement des écrivains, auteurs
et hommes de culture devant répondre à la curiosité du public
composé beaucoup plus de jeunes apprenants adhérents ou non. Cette initiative
est récemment appuyée par le Centre Panafricain de
Prospective Sociale - Institut Albert Tévoédjrè
(CPPS-IAT), représenté par Jacques Tévoédjrè,
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